Caroline Peiffer signe avec C’était juste une blague un roman aussi percutant qu’essentiel. À travers l’histoire de Manon, jeune lycéenne victime de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement, l’auteure nous fait vivre l’angoisse d’une adolescente piégée par des “jeux” cruels. Publié dans la collection “À Sexe Égal” en 2024 par Beta Publisher, ce livre rappelle que l’humour aux dépens des autres, les vidéos partagées sur les réseaux sociaux, et les rumeurs en ligne peuvent s’avérer destructeurs.
La descente aux enfers de Manon : quand une blague tourne au drame
L’histoire de Manon commence avec un drame : son suicide, consécutif à un harcèlement incessant au lycée et en ligne. Elle pensait avoir trouvé refuge dans un nouvel établissement après une année difficile, mais ses camarades, d’abord complices, finissent par se moquer d’elle à coups de vidéos TikTok et de commentaires méprisants. Loin de s’arrêter au lycée, le harcèlement suit Manon jusque chez elle, sur les réseaux sociaux, où tout est partagé, vu et souvent déformé. Caroline Peiffer montre ici comment le cyberharcèlement s’infiltre dans chaque aspect de la vie d’une victime, jusqu’à l’étouffer.
Un fléau sous-estimé : la réalité du cyberharcèlement en France
Les chiffres sont alarmants. Selon le ministère de l’Éducation nationale, 10 % des élèves français sont confrontés au cyberharcèlement à l’école, et ces chiffres augmentent chaque année avec l’usage accru des réseaux sociaux. Le phénomène prend parfois des proportions dévastatrices, au point de toucher un élève sur cinq entre le collège et le lycée. Un rapport de l’UNICEF révèle que plus de 80 % des adolescents touchés disent ne pas savoir comment se défendre face aux agressions en ligne, et 30 % des cas de harcèlement mènent à des conséquences psychologiques graves, telles que la dépression et les tentatives de suicide.
Dans le roman, l’auteure insiste sur le pouvoir des réseaux sociaux, non seulement pour diffuser la haine, mais aussi pour camoufler la responsabilité des harceleurs. Un simple “j’aime” ou un commentaire malveillant, et c’est un effet de groupe qui se met en place, chacun se sentant dédouané en disant « ce n’était qu’une blague ». Manon en est l’illustration poignante : face aux moqueries de ses camarades, elle se sent impuissante, et le soutien lui fait cruellement défaut.
Sensibiliser pour mieux protéger : un appel à la jeunesse
Ce roman s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux parents et éducateurs. Il démontre avec force qu’il ne suffit pas de “rire” ou de faire abstraction de la souffrance des autres. Par ce récit, Caroline Peiffer incite les jeunes à réfléchir avant d’agir et à ne pas cautionner les comportements nuisibles. Elle nous rappelle également l’importance des actions collectives : témoins, camarades, enseignants, tous peuvent jouer un rôle pour stopper les comportements toxiques.
Sensibiliser la jeunesse au cyberharcèlement devient ici une urgence. Le livre propose une lecture qui pousse à prendre conscience, à regarder ses propres actes et ceux des autres avec une bienveillance retrouvée. Il montre aussi la nécessité pour les établissements scolaires de mener des actions de prévention et de former les élèves et leurs familles à une utilisation des réseaux sociaux qui soit respectueuse et responsable.
C’était juste une blague aux éditions Beta publisher
Un roman essentiel et bouleversant. C’était juste une blague est un récit qui ouvre les yeux et qui marque les esprits. Par sa plume acérée et sa compréhension des rouages adolescents, Caroline Peiffer éclaire le lecteur sur la gravité du cyberharcèlement et sur l’importance de lutter, ensemble, contre cette violence moderne. Ce livre, poignant et courageux, est une lecture nécessaire pour toutes les générations.