Le corps conscient : La perception du corps dans la médecine moderne

Le docteur Olivier Vuagniaux présente ses travaux sur le corps conscient au travers d’un manifeste en deux tomes du même nom aux éditions Vérone.

Tout se joue au niveau du corps. C’est une vérité qui fait hérisser les poils de beaucoup de gens. Après tout, l’enveloppe corporelle n’est qu’un véhicule composé de chair, chargé de déplacer la conscience contenue dans le cerveau. Après le décès, cette « âme » peut rejoindre un autre endroit spirituel, car elle ne meurt pas, contrairement au corps qui est donc présenté comme faillible et surtout une chose à part entière, qu’il convient de distinguer. Cette division est très implantée dans les pensées occidentales modernes… Si l’encéphale est le siège des décisions, émotions, sensations et mouvements de l’anatomie, quel rôle occupe-t-il en l’absence de cette substance ? Son activité est le maillon d’une chaîne qui fonctionne en présence de tous les éléments essentiels.

Le corps et l’esprit sont-ils liés ?

L’humanité s’est toujours intéressée à la conception de corps : c’est même un sujet qui est central dans l’existence, jusque dans la mort. La première forme d’art ayant été découverte par les archéologue n’est nulle autre que le funéraire. Concernant la médecine, celle-ci réserve encore son lot de surprise. De nombreux chercheurs ont attesté de la pratique de l’acuponcture près de deux mille ans avant Jésus-Christ. Malgré les moyens de l’époque, le XVIe siècle a vu fleurir les premiers essais de chirurgie moderne ! La rapidité avec laquelle évolue cette discipline est à la fois rassurante et parfois effrayante, tant elle permet de mieux comprendre notre espèce. La science repose sur l’observation d’un sujet et l’émergence de théories validées ou non. Parmi les maîtres de la médecine telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, Bichat estime qu’il convient « d’interroger le corps dans son épaisseur organique, et de faire affluer à la surface ce qui n’était donné qu’en couches profondes (…) établir ces signes artificiels sou naturels, c’est jeter sur le corps vivant tout un réseau de repérages anatomopathologiques : dessiner en pointillé l’autopsie future. »

Une science mystérieuse

Grâce à l’étude de cadavres, les pères de la médecine moderne parviennent à mieux comprendre et déjouer les problématiques liées à la santé. Par ailleurs, le poids de la religion a fortement contrecarré l’évolution de cette science. Pendant une (trop) longue période, les femmes qui voulaient s’intéresser à cette discipline finissaient brûlées et la saignée s’accompagnait d’onguents fabriqués à partir de plantes. S’est ajoutée à la médecine une branche associée aujourd’hui directement à Sigmund Freud : la psychologie, la psychothérapie.

Le corps conscient, un manifeste en deux tomes du Dr Olivier Vuagniaux

Dans ses deux ouvrages qui forment le Corps Conscient, le psychothérapeute suisse Olivier Vuagniaux a écrit Corps à Cœur et La Voie du Corps. Ces livres sont un manifeste, divisé en plusieurs sections : « Le premier tome présente les bases fondamentales de la notion de conscience corporelle en puisant dans les contes et les mythes une validation originale. » peut-on lire à la page 7 — « Le deuxième tome, le Corps à cœur, développe la place du Corps dans nos interactions avec notre environnement » à la page 8. Entre les pages, de nombreuses citations d’éminents chercheurs et experts en psychiatrie composent l’ensemble et donnent l’occasion de mieux appréhender la question et le sujet. Pour le docteur auteur, le regard actuel manque de substance. Le corps est trop souvent décrit comme un élément à détacher de la conscience. En ce sens, il paraît plus grossier. Pourtant, l’écoute et l’exploration de ce corps permettraient de détenir les clefs sur le bien-être et les traumatismes de chacun. Comment ? En le manipulant, en touchant certaines zones jusqu’alors fermées, ce qui entraînerait un déblocage.

Un travail d’expérience

Grâce aux souvenirs et aux rêves, le psychanalyste a observé des patients de tous genres, en se fiant à la mémoire du corps, notamment dans la partie appelée « pour une psychanalyse plus active » dans le premier tome, avec un extrait du livre de Jean Sarkissoff : une guérison par le contact et le laisser-aller, en travaillant le corps qui porte la mémoire du traumatisme. Le cerveau ventral est donc un siège important de la conscience, qu’il ne faut pas sous-estimer, par rapport à celui qui se trouve dans le crâne. Puisque la médecine moderne et conventionnelle n’est pas la seule qui existe sur Terre, l’auteur évoque des méthodes méconnues, dont la thèse de Jeremy Narby au sujet des plantes utilisées par les autochtones en Amazonie. Leur usage permettrait également de comprendre ce qu’est l’inconscient collectif, une notion relativement obscure et fascinante…

Des travaux qui portent leurs fruits

À mi-chemin entre philosophie, littérature et science, le Corps Conscient d’Olivier Vuagniaux est porteur d’espoir quant à la connexion établie entre le corps et la conscience, souvent séparés l’un de l’autre : « La névrose est une blessure qui doit être soignée selon les mêmes principes qu’une blessure physique. Et, à vrai dire, elle est une blessure physique, qui ne pourra jamais se guérir toute seule. » Finalement, les travaux de l’auteur semblent confirmer à quel point il est urgent de redonner une place valorisante au corps, afin d’enrichir la conscience, comme deux faces d’une seule et même pièce de monnaie.

Site de l’auteur : https://lecorpsconscient.ch/